Et je n'avais jamais fait ça auparavant. Mais il fallait que je fasse quelque chose pour tourner la page. Pour l'accepter. Quoi exactement ? Je vous l'explique dans cet article.
plusJe ne travaille pas sur commande, enfin… presque jamais. Si quelque chose me plaît vraiment, je le fais. Ou… si ça me tente. Du coup, j'ai accepté une commande pour une couverture de livre. Ça te dit ? Ça me dit aussi ! J'ai beaucoup aimé l'histoire et j'ai voulu essayer.
Et pourtant, ça a mal tourné
Je ne l'avais pas remarqué au début, mais au fur et à mesure du processus, la liste des exigences de l'illustration s'allongeait. Un gros projet par-ci, des couleurs par-là, ceci, ceci, et cela. Oh, et un délai serré, bien sûr. Le signal d'alarme aurait dû être les papillons dans le ventre lorsqu'une image générée par l'IA m'a été envoyée avec le message : « Nous recherchons quelque chose comme ça. »
J'ai déjà réalisé quelques livres et, jusqu'à présent, j'ai toujours eu une liberté totale dans mes créations. Retours : excellents, les conseils sont les bienvenus, bien sûr, mais en général, c'est ce que j'ai dit avant : j'ai besoin de liberté. Et pourtant, inconsciemment, j'ai dû me débrouiller dans toutes sortes de domaines pour créer quelque chose qui réponde à toutes les exigences. Résultat : le résultat n'a pas été satisfaisant (du moins, c'est ce que je pensais, les avis divergent), ce n'était pas moi et je n'en étais pas satisfait.
Je l'ai accepté
Après avoir reçu les retours de l'éditeur, j'ai compris où j'avais tort. Je m'adaptais trop, je ne me sentais pas libre et je m'efforçais désespérément de faire ce qu'on attendait de moi. J'ai vu cela comme un apprentissage et j'ai proposé de créer quelque chose de complètement nouveau, véritablement de mon point de vue. J'étais heureuse, je trouvais (et je trouve toujours) cela beau, et j'étais certaine que ce sentiment de liberté serait remarqué et trouverait un écho.
La bombe
Malheureusement, ce n'était pas ce qu'ils recherchaient. Ils m'ont demandé si je pouvais créer une troisième illustration en deux jours (juste pour vous donner une idée, environ 8 heures de travail par illustration, et pour quelqu'un qui ne peut travailler que 4 heures par jour…). Puis, j'ai renoué avec mes propres sentiments, les valeurs qui me sont chères. Je veux créer ce que j'aime, ce qui me fait du bien, apprécier ce que je fais. Je veux choisir ma santé, mon confort et mon bien-être. Mais aïe… ça m'a vraiment fait mal ! Incertitude, tristesse, colère, encore de l'incertitude, de la tristesse et de la colère. Je suis restée éveillée toute la nuit, à imaginer toutes sortes de choses (je serais terrible, et les Pays-Bas le sauraient, car j'aurais arrêté ce projet).
Ça ne pouvait pas continuer
J'ai décidé d'arrêter de mon propre chef. Je réalisais que j'avais perdu tout plaisir (ce qui ne profiterait jamais au travail) et je n'étais pas certain qu'une troisième version serait acceptée. Je n'avais pas signé de contrat, ce qui présentait des avantages et des inconvénients. Avantage : j'étais libre d'arrêter. Inconvénient : je ne serai pas payé pour les 18 heures passées sur ce projet.
Feu!
Et puis il a fallu que je digère tout ça. La frustration, l'incertitude, la frustration envers moi-même (pourquoi me suis-je laissé tenter ?). J'ai rangé mon bureau, classé tous les fichiers sur l'ordinateur, rangé aussi ceux sur l'iPad, archivé les e-mails et… brûlé rituellement les illustrations. Je n'avais jamais fait ça auparavant (mauvaise idée, d'ailleurs !), mais cette fois, c'était nécessaire. Tourner la page, voir mon insécurité s'envoler en fumée.
Et maintenant ?
C'est fini ? Non, bien sûr que non ! Je crois que ça va encore me trotter dans la tête pendant un moment. Mais j'ai fait quelques trucs qui m'ont beaucoup aidée :
-Je me suis senti vraiment mal pendant un moment (parce que le cacher est contre-productif)
-Soyez gentil avec moi-même aujourd'hui
Je me suis volontairement lancé dans de nouveaux projets. La création de cartes de Noël approche à grands pas, et ça m'a fait du bien de me plonger dans mes idées et mes croquis.
Je me répétais sans cesse : souviens-toi de mes valeurs fondamentales. « Je veux créer ce que je ressens, et si ça plaît aux gens, c'est un plus. » Je veux vivre une vie calme et détendue, être bien dans ma peau et profiter de la vie. En gros, je suis revenu à l'essentiel, au plus profond de moi-même.
-J'ai décidé de ne plus être tenté de travailler sur commande (ce qui signifie également que mon dernier livre commandé sera publié en septembre, ce qui est une pilule amère à avaler).
-Marche, yin yoga, et j'ai tiré une carte de mon jeu
-J'ai écrit ce blog (ça aide beaucoup)
Tu es mon héros
Oui, vous avez bien lu ! Vous êtes la star ici. Grâce à votre soutien, vos commandes, vos partages sur les réseaux sociaux et vos échanges avec mes amis, je n'ai plus besoin d'accepter de commandes et je peux choisir. Je peux faire ce que j'aime, ce qui me rend heureuse, quand je veux. Alors, vous êtes mon héros, et j'en suis reconnaissante. Je sais aussi que c'est un luxe (même si ce n'est pas toujours facile, bien sûr ; gérer une boutique en ligne comporte son lot de stress). C'est un choix, et je vous choisis ! Merci d'être là !
P.-S. Je ne partage pas les illustrations en question parce qu'il s'agit d'émotions, du processus et de l'histoire, et non d'une opinion sur mon travail… ou quoi que ce soit du genre. Enfin… vous voyez l'idée.
P.S. Si vous souhaitez m'apporter un soutien supplémentaire, voici ma sélection du jour qui m'aide !
0 commentaire